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Plaidoyer de Philippe Jahshan, président du Mouvement Associatif, dans le Quotidien La Croix

Au moment où se jouent le sort des législatives, les associations tiennent à rappeler avec force les constats qu’elles font sur le terrain. Le rapport sur l’Etat de la France du Conseil économique, social et environnemental ou celui de l’Observatoire des inégalités publiés récemment sont d’ailleurs explicites :  Les inégalités croissent dans notre pays. Les pauvres s’appauvrissent et les classes moyennes stagnent alors que les plus riches continuent de s’enrichir.

Des inégalités croissantes

Ces inégalités isolent des territoires entiers, et les citoyens les uns des autres. C’est un poison qui s’infiltre toujours plus au cœur de ce qui fonde la cohésion du pays et approfondit les fractures. Pourtant et malgré ces constats maintes fois répétés, les différents rapports montrent aussi que la France n’est pas la moins bien lotie dans le monde. D’autres pays qui ont épousé des recettes plus libérales font peut-être mieux sur le terrain de l’emploi, mais au prix d’inégalités encore plus prononcées et « d’une montée de la pauvreté laborieuse »

[1]. Le modèle résiste mais ils se dégradent et l’ascenseur social est cassé.

A l’occasion de chacune des dernières élections et jusqu’à la présidentielle, colère et angoisse se sont exprimées nettement dans les suffrages. Le sentiment d’injustice vécue par un nombre toujours grandissant de citoyens devient insupportable et s’amplifie par le sentiment que les changements de majorité n’y changent plus rien. La victoire d’Emmanuel Macron est l’illustration de la recomposition du paysage politique avec une part importante de la population qui a dénié sa confiance aux appareils traditionnels.

 

Des associations ferments de solidarité

Nous sommes à l’évidence devant des choix de société majeurs et au cœur de nombreuses transitions qu’il est désormais urgent de maîtriser avec le souci d’assurer qu’efficacité économique signifie aussi performance écologique et justice sociale. C’est la seule voie durable et d’avenir et il n’est plus permis d’échouer désormais.

Mais pour réussir ce grand pari, l’Etat ne pourra pas tout faire tout seul. C’est bien une alliance pour l’intérêt collectif qu’il s’agit de bâtir, et le monde associatif peut en être une clé de voûte.

Les pays les plus avancés ont un tissu associatif très vivant et très présent dès le plus jeune âge. Et la France n’est pas en reste. Notre pays est fort de plus de 1.3 millions d’associations dans lesquelles s’engagent plus de 13 millions de bénévoles et 1.8 millions de salariés.

Plébiscité par les français, le mouvement associatif est au cœur des transitions en cours, parce que le monde associatif est au front de toutes les crises, en France et au-delà de nos frontières, et qu’il doit trouver au quotidien des solutions nouvelles aux difficultés rencontrées.

Actrices de la proximité, les associations sont ce ferment de solidarité indispensable qui recrée du lien social. Elles sont dans beaucoup de territoires le premier lieu de l’engagement citoyen et civique, l’un des premiers agents économiques et l’un des principaux employeurs.

L’Observatoire des Inégalités note que : « dans de nombreuses communes, départements ou régions, des actions de lutte contre les inégalités sociales, de démocratisation de l’accès aux services publics sont engagées, souvent avec l’appui d’associations ».

Des associations facteurs d’innovation et de cohésion sociale

Elles sont très souvent le dernier espace d’une mobilité sociale et économique en panne. En gestion désintéressée, les associations prennent des risques, innovent et sont un lieu d’expérimentation sociale ou écologique. Elles inventent les recettes d’une nouvelle cohésion sociale dont nul ne dispose à lui seul la solution, mais dont le filet associatif assure une belle part sans nul doute. Faut-il ici citer la multitude d’exemples de services assurés par les associations, dans tous les domaines, dans toutes les politiques, sur l’ensemble du spectre des droits, auprès des populations les plus vulnérables, les plus âgés comme les plus jeunes, auprès des chômeurs, auprès des familles, auprès de cette part du pays qui se sent oubliée mais qui aspire plus que tout à la participation ? En France mais également au-delà de nos frontières, nos associations permettent aux citoyens de reconquérir leur capacité d’agir et de se sentir partie de la marche du monde.

[1] Observatoire des Inégalités

 

Lire le communiqué relatif aux décrets ministériels :