Gilets Jaunes, presse, police & cartons rouges !

par | 15 Jan 2019

La liberté de la presse n’est pas soluble dans les manifestations !

Pas un jour sans que l’on nous rapporte des cas de journalistes pourtant équipés du brassard « Presse » violentés, tantôt par des manifestants portant un Gilet Jaune, tantôt par la police qui les vise et les meurtrit avec des balles en caoutchouc, les matraque ou les moleste.

Au prétexte qu’ils n’auraient pas relater l’information comme il sied, voilà qu’on parle  au sein du Mouvement Gilets Jaunes de les pendre, leur apprendre leur métier.  Quand on ne menace pas de les brûler ou moindre punition (?!) dans la bouche de certains, les violer !

A ce jour,  plus d’une vingtaine de plaintes ont été formées par les médias pour violences sur leurs employés.

Voilà le cri d’alarme poussé par le secrétaire général de Reporters Sans Frontières  : ici

Il aura fallu des dizaines de plaintes, des tribunes pour qu’une partie du public finisse par s’indigner du traitement réservé aux journalistes et commence à nuancer quelque peu son discours.

Mais que diable ! Que de propos orduriers, de violences, de menaces !

Heureusement, de nombreux Gilets Jaunes se sont également interposés pour empêcher le lynchage de journalistes.  Lynchage !!! Nous en sommes là !

La liberté d’informer : un droit fondamental

Pourtant on le sait bien, régenter la presse, c’est réduire la liberté de tous. Et dénoncer le mode de financement des  médias ne devrait pas conduire à fomenter des actions pour brûler ces mêmes médias ou à agresser physiquement leurs collaborateurs qui ne font que leur métier.

Certains propos d’éditorialistes qui ne précisent pas assez qu’ils émettent leur propres opinions politiques ou de certains animateurs qui ne sont pas journalistes ont induit le public en erreur ou ont pris violemment partie contre les Gilets Jaunes. Ce n’est pas une raison pour les condamner au bûcher !

Certes, Le Mouvement des Gilets Jaunes aura permis que les médias puissent balayer devant leurs portes et fassent – pour certains – un travail salutaire de remise en question. Cela a été fait par les Echos en décembre dernier. Mais faut-il pour autant jeter l’opprobre sur l’ensemble des médias, terroriser les journalistes et tomber dans une forme d’intolérance maximale ?

De la méfiance à l’hostilité : une liberté de la presse menacée

Touts les discussions que j’ai pu avoir à mon niveau, de citoyenne, de professionnelle des médias depuis quelques années m’avaient déjà habituée à une certaine méfiance.  J’avais déjà écrit en son temps [lire], que  de plus en plus d’organisations souhaitaient se débarrasser des médias, les occulter, et que l’on arrivait sur le plan professionnel à une désintermédiation que je jugeais pour ma part dangereuse [lire]. Pouvoir discuter, dialoguer librement avec les publics, sans le filtre des médias était leur souhait, et c’était déjà une forme de défiance et une envie de contrôler le message via les médias. C’est certes, en partie mon travail mais en partie seulement que de relayer les informations des organisations. L’autre est d’insuffler de la confiance. J’avais regretté que le mot « spécialiste de l’information » quand il s’agissait de nos métiers, soit évacué au profit de spécialiste du marketing, du » earned media  » parce qu’en filigrane, il s’agissait déjà de dénouer le lien de confiance entre les organisations et les médias. [Lire aussi ]. Cette méfiance, perceptible,  s’est généralisée à l’ensemble du grand public.

Les réseaux sociaux ont joué largement leur rôle dans la déconsidération des médias : une parole soit-disant non filtrée, directe avec son cohorte de Fake news, de manipulations en tous genres, de « complotistes » à la petite ou grande semaine !

Les médias eux-même ont aussi leur part de responsabilité car dans ce bouleversement du champs médiatique, il leur a fallu innover et la course à l’audience n’a pas fait que des heureux ! L’information a perdu en qualité parfois, en proximité souvent (je ne parle pas de la presse quotidienne régionale) mais surtout en temps : d’investigation, de recoupements, de vérifications.

Oui mais aujourd’hui, on a largement dépassé le stade de la méfiance, voire de la défiance pour arriver à celui de l’hostilité et de la violence et cela n’est ni tolérable, ni supportable !

Pour un retour à une liberté de la presse pleine et entière

On ne peut pas défendre les droits humains, être aux côtés des plus démunis, rappeler la tradition du journalisme de Zola et son fameux « j’accuse » dont on vient de fêter les 120 ans et agresser les journalistes de la sorte.

Ni quand on est un citoyen soucieux des droits humains, encore moins quand on est un leader politique et ne parlons pas du fait d’être un représentant des forces de l’Ordre, d’un état souverain, démocratique et parait-il, patrie des droits de l’Homme !

C’est donc un véritable carton rouge que je décerne !

La liberté de la presse n’est pas soluble dans les manifestations et ne souffre pas d’exception ou alors prévu par la loi et encore sous contrôle du Parlement !

C’est cela aussi un état de droit !

 

 

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