L’observatoire du service social de MEM SI Paris
Qui consulte le service social d’entreprise en 2020?
Le 16 mars 2021, c’est la Journée mondiale du travail social et c’est l’occasion pour l’ensemble des travailleurs sociaux de faire le point sur les avancées, d’effectuer des bilans et de scruter les indicateurs sociaux. C’est exactement le cas de Liliane Gonzalez, dirigeante de MEM SI Paris, une entreprise de service social, qui a lancé l’observatoire du travail social. Des chiffres éloquents en 2020 si on les compare avec 2019 et 2018. Ils corroborent les indicateurs que l’on observe sur le plan national. Une année fortement impactée par la crise sanitaire. Zoom sur les consultations du service social !
Les chiffres en un lien et une infographie ici : cliquez ici
– Les chiffres de 2020 portent sur 2 500 salariés.
Les données démographiques de l’observatoire du travail social
Sans surprise, ce sont les femmes qui prennent rendez-vous pour une consultation de service social mais on constate une hausse de la présence masculine en 2020 (15.7 % en 2019)
Les moins de 35 ans, tout comme les plus de 50 ans consultent moins que la tranche d’âge de 35 à 49 ans : ce chiffre est à l’inverse de 2019, année durant laquelle la tranche d’âge des plus de 50 ans était majoritaire avec 42.8 %
Ce sont principalement des femmes en couples (pacsées ou mariés) qui viennent consulter. Là encore par rapport à 2019, c’est un quasi-retournement de situation : elles sont 58.3 % en 2020, là ou en 2019, elles représentaient 35.7 % .
Cette donnée est nouvelle par rapport aux années précédentes. Elle permet de constater que les cadres supérieurs, viennent consulter pour faire le point sur leur situation familiale ou personnelle et que cela représente près d’un quart des consultations.
L’observatoire du travail social : une année fortement impactée par la crise sanitaire
C’est lorsque l’on scrute les raisons de la consultation que les chiffres de l’observatoire du travail social sont réellement parlants :
5 domaines d’intervention sont cités ici selon leur ordre d’importance en termes de consultations : logement, santé, famille, budget, travail.
Logement : (les entreprises se situent Ile de France et dans les Hauts de France ) arrive bon premier des préoccupations des salariés avec 40,15 %, le même chiffre donc ou presque que 2019 mais c’est la ventilation qui révèle les causes : les demandes et les impayés de loyers représentent près de 97 % des consultations sur cette thématique contre 38.4 en 2019. Les séparations, les colocations n’ont pas tenu et ont fait que les demandeurs ont dû rechercher des logements en urgence. Le confinement a fait que des personnes dans des situations de logements précaires n’ont pas pu dormir dans leur voiture ou dehors. Il y a en effet sur la région parisienne, beaucoup de travailleurs dits « pauvres ».
Santé – La dépression, les questions autour du droit de la sécurité sociale et les TMS arrivent en tête et représentent 62.18 % des thématique santé en 2020 contre 19 % en 2019. Le travail à la maison avec des sièges et des tables non ergonomiques, le télétravail en solitaire et les conditions difficiles expliquent ces chiffres en forte hausse.
Famille – C’est en la matière que les chiffres sont révélateurs de l’impact de la Covid 19 sur les salariés :
- Les violences conjugales sont en hausse : 10 points de plus qu’en 2019 avec 36.71 % contre 26 en 2019
- La dépendance baisse de moitié : 2.53 % contre 5.1 en 2019 : on y verrait l’effet de la surmortalité
- les questions autour des aidants : 66 % contre 2.6 % En 2019, 6 fois plus: les salariés se sont posé la question de prendre soin eux -même de leurs aînés.
- La séparation et les gardes d’enfants : 48 % en 2020 contre 15 % en 2019
Budget – Si le chiffre relatif aux consultations sur les procédures liées à l’endettement ou le surendettement a baissé en 2020 : 46.43 % contre 52 % en 2019 ; les demandes portant sur l’équilibre budgétaire ont quant à elles fortement augmenté : 46.43 % en 2020 contre 6.2 % en 2019
Travail – Ce sont les questions de reconversions et de licenciements et les départs négociés qui ont monopolisé les consultations avec 69.57 % en 2020 contre 2.7 % en 2019.
Il faut préciser que dans le panel de salariés observés figurent un certain nombre d’entreprises de santé et de soins à domicile (auxiliaires de vie, kinésithérapeutes, infirmiers, etc.).
L’analyse de l’édition 2020 de l’observatoire du travail social :
L’observatoire du travail social montre en petite échelle ce qui se passe sur le plan national .
Le cas des violences familiale et des séparations
Il est intéressant de recouper ces chiffres avec les observations nationales. D’ores et déjà, en ce qui concerne les violences familiales et les séparations, on constate une augmentation très nette des signalements de violence conjugale.[1]
Len entretiens réalisés par les professionnels de MEM SI révèlent que la promiscuité a été fatale à un bon nombre de couples déjà fragilisés ou a permis de prendre une décision. C’est aussi le constat des professionnels juridiques au plan français et européens.
« C’est une des conséquences du confinement : les procédures de divorce sont en hausse. Il est encore trop tôt pour donner des chiffres, mais les professionnels s’en rendent déjà compte. » L’article à lire en intégralité ici : https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-confinement-fatal-pour-certains-couples-les-divorces-en-hausse-1589873314
Ou bien encore : « À titre d’exemple, le grand cabinet d’avocats britannique Stewarts a enregistré une hausse de 122% des demandes de divorce entre juillet et octobre 2020, comparé à la même période l’année précédente. Comment expliquer que tant de couples se brisent à l’ère du Covid-19? « https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-confinement-fatal-pour-certains-couples-les-divorces-en-hausse-1589873314
Les transformations au sein du travail et les modifications de poste
De nombreuses personnes travaillant dans le champ de la gérontologie n’ont , à cause de la Covid 19, plus souhaité travailler dans ce secteur. La peur d’être contaminé ou de contaminer sa famille, l’analyse du bénéfice/risque a été faite et à inciter bon nombre de salariés à négocier leur départ.
On peut le voir également sur le plan national : https://positivr.fr/covid-crise-propice-reconversion-professionnelle/
La pandémie a aussi entrainé des questionnements sur le sens du travail (en particulier chez les cadres supérieurs). C’est une période de chamboulement et de remise en question. La perte de sens déjà constatée et synonyme de souffrance au travail ou à tout le moins d’une baisse de motivation est venue brutalement se confrontée avec le vide provoqué par le confinement et le télétravail. Les salariés ont eu plus de temps pour songer à leur carrière, à son évolution et au monde d’après et également , il a été constaté une envie de ralentir le rythme de plus en plus soutenu.
lire également : http://www.slate.fr/story/199788/crise-sanitaire-covid-19-propice-reorientations-professionnelles-peur-changer-travail-attendre
Les finances et le budget familial
S’agissant des problèmes budgétaires et les aidants, on constate qu’il y a là de fortes similitudes avec les chiffres nationaux. En effet , les entretiens révèlent que les salariés venus lors des entretiens se sont finalement moins surendettés, du moins pour la partie des cadres moyens et des cadres supérieurs mais qu’ils ont recherché à rééquilibrer leur budget et leurs crédits.
Voir sur ce point l’étude financière reprise ici « Le budget des ménages a été fortement impacté. Selon l’étude réalisée par Algoan, fintech française, une baisse globale des revenus de 10,4% a été enregistrée entre le 2ème et le 3ème trimestre 2020. Cette baisse a poussé les français à repenser leur manière de consommer. » https://www.leblogdudirigeant.com/crise-sanitaire-du-covid-19-consequences-sur-le-budget-des-menages-francais/
Les questions de logement
La situation du logement est déjà problématique en région parisienne, région ou laquelle, les offres sont notoirement insuffisantes aux demandes et particulièrement dans les locations à loyers modérés. Cette situation se double avec l’existence de travailleurs pauvres qui n’ont plus les moyens de se loger compte tenu du renchérissement des loyers dans le secteur privé. La diminution des salaires a provoqué une hausse des consultations pour régler des impayés de loyers.
Il faut écouter sur ce point l’émission sur France culture : « La crise sanitaire se double d’une crise du logement, liée à l’appauvrissement des populations modestes. Les locataires sont particulièrement exposés. Associations et chercheurs craignent des vagues massives d’expulsions dans le parc privé et social, après un confinement déjà compliqué. » https://www.franceculture.fr/societe/la-bombe-a-retardement-du-logement
La santé
« Durant le confinement, 55 % des aidants ont dû effectuer des actes habituellement pratiqués par des professionnels. Résultat : une charge mentale et physique démultipliée. Harassés, ils réclament une réelle prise en compte et des solutions de répit.» Par Cassandre Rogeret sur le site Handicap.fr.
C’est ce que l’on a constaté largement avec une hausse des entretiens pour avoir des conseils en matière d’aide aux aidants.
On le voit, sur chacun des points et les thématiques, les indicateurs rassemblés dans cet observatoire font de lui un très bon reflet de la situation nationale. C’est la raison pour laquelle, MEM SI va continuer à collecter ces données chaque année pour comparer et proposer des analyses pertinentes pour les professionnels et ceux qui s’intéressent au travail social.
A propos du travail social :
Le travail social s’effectue aussi en entreprise. Il est même fortement recommandé pour les entreprises de plus de 250 salariés. Il peut s’effectuer en interne ou externe. Le service social est une intervention neutre et impartiale, sur base d’une démarche libre et volontaire du salarié. Il est soumis au secret professionnel (articles 226-13 et 226-14 du Nouveau Code Pénal). Pour en savoir davantage : https://www.memsi-paris.com/service-social-du-travail/
A propos de Liliane Gonzalez :
Iconoclaste, Liliane Gonzalez est experte en service social et styliste-designer textile. C’est une assistante de service social très expérimentée depuis plus de 30 ans. Elle a en effet officié du service de pédopsychiatrie du Centre Hospitalier de Gonesse aux missions départementales pour la DDASS du Val d’Oise, à l’occasion de l’établissement d’un observatoire social départemental et de la mise en place de réseaux professionnels médico-sociaux et inter-institutionnels, jusqu’au suivi dans une association d’hébergement pour porteurs du VIH (Module SIDA – MAAVAR Sarcelles). Elle est devenue assistante sociale du travail en inter-entreprise au sein de SOCIAL INTER Sarl au début des années 2000 : permanences sur site pour des entreprises du secteur des services, l’industrie et l’Etat (AXA France, DELPHI, MFP, BASE HANDLING Roissy, ENSAD, CASTORAMA). Elle a créé ensuite son entreprise et est depuis 10 ans, à la tête de MEM SI Paris. Elle fédère et gère un réseau de 5 assistantes sociales collaboratrices : parmi ses clients Syndex, L’ENSAM, Leroy Merlin et l’association Isatis. Parallèlement, elle mène des projets dans le domaine de la création et du design. Liliane Gonzalez est membre du réseau de l’ARTSI, l’association réseau des travailleurs sociaux indépendants.
Voir la charte : http://www.artsi.asso.fr/deontologie-artsi-charte-travailleurs-independants.htm
[1]https://www.la-croix.com/Forte-hausse-viols-11-violences-intra-familiales-9-2020-2021-01-28-1301137564
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