Il aura fallu attendre 2015 pour que ce mot « slasheur », un néologisme barbare, tiré du slash, cette barre oblique sur le clavier de nos ordinateurs, ait droit de cité dans les articles et que je puisse avec des milliers d’autres m’en emparer. M’en délecter même et le brandir enfin comme un emblème. Avec fierté !
Slasheuse ! Impossible à prononcer mais tellement conforme ou plutôt enfin conforme à ce que bon nombre de collaborateurs, de managers (mais pas seulement) et plus généralement d’êtres humains sont devenus.
Dans mon cas, Juriste/Assistante Marketing/Attachée de presse/Social Media Manager/Blogueuse / Chroniqueuse / Conceptrice de nouveaux outils/Créatrice d’une méthode cognitive ! Un être inclassable en tout cas d’après bon nombre de recruteurs ou de chasseurs de tête.
Nous fûmes nombreux à ne jamais réussir à passer par leurs fourches caudines !
Heureusement, il y eut, l’arrivée du web et l’explosion du métier de free-lance ou indépendant puis de porté salarié. La panacée pour des êtres hybrides un peu en avance sur leur temps.
« Slasheur », un vocable qui se conjugue avec les mutations sociétales
Avec un monde du travail en complète transformation et un internet en perpétuelle mouvance, nos métiers et fonctions ont explosé, se sont recomposés et/ou se reconfigurent sans cesse.
Il suffit de regarder les fiches de poste de certains métiers pour le constater
Prenons par exemple, les fonctions des chargés de communication et/ou d’un chargé de relations-presse. Le nouveau communicant a tout du super couteau suisse : multifonctions !
Mais la communication n’est pas le seul domaine, loin s’en faut, dans lequel être un·e slasheur·se se révèle être un atout.
Les slasheurs sont les néo Touche-à-tout qui déplaisaient tant aux DRH d’antan et qui sont aujourd’hui quasiment courtisés par ceux-là même qui fronçaient les sourcils devant tant de dilettantisme.
Être slasheur, c’est en effet d’abord un savoir-être et si le mot est américain, c’est que l’état d’esprit s’y prêtait !
Avoir plus d’une corde à son arc, être tantôt coworkeur·se, tantôt intrapreneur·e ou coopérateur·e, savoir rebondir, passer d’un statut à un autre, d’une fonction à une autre à la faveur d’une opportunité, jongler avec les applications, le front et le back office, travailler en mode projet, en solitaire, en escadrille, manager non plus de salariés, mais des bénévoles ou des prestataires, maîtriser les KPI et donc l’évaluation mais aussi les budgets, être stratège et un·e parfait·e opérationnel·le et si possible un leader d’opinion dans sa communauté (de métiers), être influenceur·se et par conséquent coutumier du self-branding (faire valoir sa propre image).
L’époque est à la confusion, aux mélanges des genres, aux refus des règles bien normées pour en forger d’autres… Slasher c’est être comme un poisson dans l’eau , parfois comme le saumon à contre-courant, parfois comme une anguille toute en agilité.
Quel est le mot clé ? : c’est bien entendu le « Et ». Le slasheur sait admirablement se servir de cette conjonction de coordination.
Sans paraphraser le « en même temps », c’est effectivement cela dont il s’agit !
Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence s’il existe des profils de Slasheurs : on les retrouve souvent parmi les personnes ayant l’habitude de surfer entre plusieurs nationalités ou origines : l’Interculturel et le Multiculturel sont des viviers naturels. Les autodidactes sont aussi de parfaits slasheurs.
Un savoir être à cultiver
L’adaptation au marché du travail et l’amélioration de l’employabilité rendent aujourd’hui le slasheur particulièrement attractif.
Cependant, être slasheur est une compétence qui s’acquiert et induit de recevoir les formations idoines. Il s’agit en effet de rendre autonome, de renforcer la discipline personnelle, de développer la créativité et d’élargir la vision stratégique
Cela suppose une évolution également de l’ensemble de la société. Or, cette dernière fonctionne encore avec d’anciens schémas et le plus souvent en mode linéaire. Le slasheur pense et fonctionne différemment, à l’instar de ces nouvelles cartes cognitives dont on parle tant [1] ou ces schémas heuristiques[2].
Il faut donc former les managers. Il faut également concevoir des modules de formation accessibles aux TPE, aux PME, aux collectivités pour accompagner les recruteurs.
Il faut enfin, à mon sens, cultiver ce nouveau savoir-être qui va de pair avec l’avenue de la « Petite Poucette si chère à Michel Serres[3].
C’est pourquoi dans nos formations, au sein de notre institut de formations, l’IPS, nous encourageons l’utilisation d’outils disruptifs qui facilitent les processus cognitifs et qui permettent de développer la capacité à devenir un·e slasheur·se. Autrement dit, à démultiplier ses capacités d’apprentissage et à cultiver une certaine agilité mentale pour augmenter son employabilité et son attractivité. Des méthode qui permettent de prendre du recul, de sortir du cadre et de voir son environnement à 360 ° ou différemment pour vivre sa pluriactivité sereinement
Marie-Pierre Medouga
Fondatrice de l’IPS
Et pour aller plus loin :
A lire ou relire : profession Slasheuse
article dans psychologies magazine : ici
les nouveaux travailleurs : cliquez
LCI : lire ici
et cet article consacré à la pluriactivité : lire
[1] http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Carte-cognitive-240803.htm
[2] http://www.ac-nice.fr/stmg/index.php%3Foption%3Dcom_content%26view%3Darticle%26id%3D42%26Itemid%3D149
[3] http://forumfrancas2012.fr/wp-content/uploads/2012/06/Michel-serres-Petite-poucette.pdf